LA POULTRY FEED COMPANY (PFC)
Qui ? PFC est une filiale à 40 % de LDC, le leader européen de la volaille dont le poulet de Loué fait sa réputation. Elle est basée à Sablé-sur-Sarthe (72).
Où ? Elle souhaite s’installer à Vaiges, une commune mayennaise de 1100 habitants, dans la zone de l’Oriolet sur 18 ha. C’est sur le territoire de la communauté de communes des Coëvrons qui est présidée par Joël Balandraud, le maire d’Évron.
Quoi ? C’est une usine de traitement de coproduits de volailles, à savoir des plumes, des viscères et du sang. Il est prévu d’en faire de la nourriture pour poissons d’élevage. On dit élégamment que ce sont des protéines animales transformées. Des farines animales quoi !
Comment ? L’usine compte récupérer les coproduits des 70 abattoirs que compte le groupe LDC en France, soit une moyenne de 770 tonnes par jour. On promet la création de 35 emplois d’ici 5 ans (« 2 emplois seulement à l’ha » dirait un élu).
Pourquoi ? Le produit alimentaire est destiné à nourrir les poissons de l’élevage de Terramar, une entreprise spécialisée dans l’aquaculture au Chili. Ce projet est le fruit de la rencontre entre LDC et Emmanuel Doux, un dirigeant breton qui a l’habitude de travailler avec Terramar. Le Marché commun du Sud (MERCOSUR) est déjà d’actualité…
Quand ? L’enquête publique s’est déroulée du 30 septembre au 29 octobre 2019. Le préfet a signé l’arrêté autorisant l’implantation de l’usine le 2 mars 2020, malgré les dépositions de riverains ainsi que de la FE 53. .
Quel est le problème ?
Il se situe à deux niveaux : ce projet ne tient pas compte du réchauffement climatique et trop de questions restent sans réponses.
1 – La problématique du réchauffement climatique bafouée.
La France vient de délivrer jusque dans les urnes un message fort au sujet de l’environnement. Or, ce projet s’inscrit totalement en faux par rapport à cet élan vert.
On nous alerte depuis des années sur l’artificialisation des sols. Eh bien, on en rajoute ici 18 ha !
Après la Covid19, c’est l’unanimité pour relocaliser les productions. Eh bien, on va récupérer les coproduits de toute la France (combien de km ?) pour en faire des farines animales qui serviront à nourrir des poissons au Chili… Lesquels pourront être importés en Europe grâce à un traité d’une autre époque, le Mercosur. Alors que la méthanisation locale est à la recherche de ce genre de coproduits…
Les sécheresses désormais récurrentes nous incitent à être de plus en plus attentifs à la ressource en eau. Eh bien, on va capter 500 m3 d’eau chaque jour, soit 1/3 de l’eau potable qui peut être puisée dans la Vaige. Pourtant, la Commission Locale de l’Eau (CLE) dans son avis du 28 juin 2019 avertissait sur la base d’une étude menée en 2017 que les bassins de la Vaige et de l’Erve (affluents de la Sarthe) étaient caractérisés par un déficit fort d’eau.
On s’étonne que le ténor de la volaille n’ait pas opté pour une autre alternative. En effet, on sait qu’une volaille est composée de 70 % d’eau. Or, en récupérant cette eau et en l’épurant, les porteurs de projet auraient sécurisé durablement leur projet. Mieux, ils auraient même pu réinjecter de l’eau dans la rivière. Voir dans Leglob-Journal l’excellent article sur le sujet : « Transition écologique en Mayenne – une occasion… manquée ! » – Par Jean Marc Lalloz
La vigilance doit être redoublée au sujet de la préservation de la biodiversité. Eh bien, on abat une haie de 250 mètres forte d’une quarantaine de chênes et de frênes, sans prévoir de compensation sérieuse. Alors que certains arbres auraient même pu être replantés sur les merlons masquant l’usine.
2 – De nombreuses questions sans réponses.
L’emplacement ? Personne ne comprend pourquoi la zone des Touches à Laval n’a pas été choisie alors qu’il y avait la place. On aurait ainsi épargné les 18 ha et le problème de la ressource en eau aurait été beaucoup moins critique. Que deviendra l’usine si l’eau venait à manquer régulièrement ? La loi oblige pourtant à proposer des solutions alternatives et à justifier les choix retenus explicitement. En vain…
La haie ? Elle a été détruite le 26 mai dernier en pleine période de nidification. Compensation très floue. De plus, elle a été ignorée par l’étude d’impact et de nombreux plans l’ont « oubliée ».
Le transport ? La SAS TCP, une société de transport et de logistique va s’installer près de l’usine (55 000 m2). Or, elle n’a pas été mentionnée dans l’enquête publique alors que la présence de cette entreprise est indissociable du projet !
L’accès au site ? Il n’a pas été traité dans l’enquête publique alors que l’aménagement risque d’avoir des impacts sur le franchissement d’un ruisseau, celui de la Roterie et sur une zone potentiellement qualifiée de zone humide.
Devant tant de questions sans réponses, la FE 53 a déposé un recours gracieux. Elle pense qu’en raison de tous ces manquements, les citoyens n’ont pas été informés correctement, ce qui aurait pu entraîner une mobilisation différente.
Ce projet met aussi en difficulté des riverains. L’usine sera installée à 180 m d’un couple dont le projet est de créer une table et des chambres d’hôtes… Avec en prime l’épandage des boues à proximité… Les riverains, ces éternels oubliés !
En ce qui concerne la position des élus, ceux de la communauté de communes des Coëvrons, focalisés sur son côté économique (pas négligeable, certes, mais à quel prix ?), sont très favorables au projet. Son président en est son plus fervent défenseur : mais un discours adapté aux actes n’aurait-il pas pourtant été un excellent signal de la part du Conseil Départemental dont il est membre ?
C’est la même chose chez les élus de Vaiges. En revanche, les élus de Soulgé-sur-Ouette s’y sont opposés en raison du risque d’odeurs (plan d’épandage) et du danger pour le projet de chambre d’hôtes, pourvoyeur potentiellement lui aussi de plusieurs emplois non délocalisables…
Quelle image du monde industriel le leader européen de la volaille va-t-il laisser ?
Pour tout renseignement : collectifsauvegardevaigesouette@orange.fr