PESTICIDES : CONTRIBUTION SUR LES CHARTES

5 m, 10 m ou 150 ?
L’ADTEC, une association adhérente à FE 53 donne son avis sur les chartes.

D’abord, le fait de ne pouvoir avoir accès aux consultations des participants nuit complètement au débat. Encore un rendez-vous manqué pour la transparence : nous en sommes réduits à accorder une confiance aveugle aux pouvoirs publics, ce que le citoyen ne supporte plus.

Ensuite, l’INSERM en 2013 a réalisé un travail jamais égalé en collectant les centaines d’études disponibles dans le monde sur les produits phytosanitaires. Le résultat, en dépit de la prudence des scientifiques est sans appel : 2 maladies sont reconnues professionnelles et d’autres, nombreuses, révèlent bien plus que de simples soupçons. Les effets cocktails sont ignorés, les effets, même à des doses sous les seuils mais répétés durant des années sont occultés. Nous savons en plus que les institutions pour les AMM ne s’appuient que sur les études des industriels ! D’ailleurs, il est impossible de réaliser des études indépendantes respectant le protocole puisque au nom du sacro-saint secret industriel, les scientifiques n’ont pas accès à certaines données ! Là aussi, nous en sommes réduits à accorder une confiance aveugle aux institutions et aux industriels.
Un millier de molécules ont été mises sur le marché depuis le début de l’ère des pesticides, il en reste 300. Existe-t-il un exemple de molécule retirée du marché à l’initiative des fabricants ?
Il y a en France 1,2 million de personnes vivant avec un cancer. 440 décès chaque jour, des jeunes, des moins jeunes. Or, 90 % des maladies sont d’origine environnementale selon le Dr Jean-François DELEUME, médecin hospitalier, un acteur connu dans le milieu pour avoir vécu le scandale du chlordécone. Bien sûr, ça ne veut pas dire que le monde agricole est l’unique responsable. On sait que l’intérieur d’une maison peut aussi renfermer de nombreux produits tout aussi toxiques. Mais au regard de ce qui s’est passé avec la Covid 19 et ses 30 000 morts, comment comprendre le mutisme qui règne sur ces faits dramatiques socialement et économiquement n’épargnant aucune famille ?

Cependant, la perte de la biodiversité pourtant si essentielle à la protection de l’environnement est grandement liée à ces produits. 10 m, 5 m, 3 m : quelle farce ! Comment peut-on justifier de telles distances dérisoires alors que très peu d’études (selon l’INSERM) se sont penchées sur l’impact de ces produits sur les riverains ? Quid du chien ou du chat qui, après avoir fait son tour dans le champ fraîchement traité se laisse caresser par des enfants ? Et le principe de précaution ? D’autant plus que les riverains n’ont pas les équipements des agriculteurs lors des épandages. Ils n’ont pas non plus accès à l’identité des produits épandus. Une fois de plus, le citoyen doit faire une confiance aveugle envers celui qui épand : respecte-t-il les distances notifiées en fonction des produits ?

Image Alsace-Nature

Les premiers éléments d’une nouvelle étude dans l’Est de la France montrent clairement que les informations paraissant sur les étiquettes, bien que légales (!) ne sont pas fiables ! L’analyse consistait à comparer les dangers annoncés par les phrases de danger officielles européennes/nationales (exemple ci-contre), aux effets à long terme sur la santé répertoriés dans deux autres bases de données, l’une anglaise, l’autre canadienne : « L’écart est considérable ; c’est le résultat de tout ce travail. Par exemple, 8 % de substances actives sont cancérigènes officiellement selon les étiquettes, mais 48 % au total présentent un risque cancérigène dès lors qu’on intègre les données venant des deux autres sites. Jamais les phrases de danger officielles ne mentionnent un effet toxique sur le foie, jamais une perturbation endocrinienne » .
Les agriculteurs, premières victimes, se fient à une information qui n’est donc pas toujours fiable. Ils se fient également aux constructeurs des équipements qui, c’est l’INSERM et l’ANSES qui le disent, sont souvent éloignés des qualités qu’on leur prête; Qualités qui influencent pourtant beaucoup les AMM.

Pour toutes ces raisons, 150 mètres semblent être le minimum du minimum. Et c’est à l’Etat de compenser l’éventuelle « perte » pour les agriculteurs . Perte entre guillemets parce que bon nombre d’agriculteurs qui se passent de ces produits parlent plutôt de « gain », pas seulement au sens financier du terme. Justement, l’INRAE vient de publier une étude sur le coût d’une « sortie » du glyphosate. Dans le pire des cas, pour les cultures comme le colza en semis direct, le surcoût se monte à 80 € l’hectare. Une somme à intégrer impérativement dans la nouvelle PAC ou à prendre en charge par les collectivités locales. Une somme dérisoire compte tenu des conséquences sur la santé, des coûts de traitement des eaux, de l’impact sur la pollution de l’air. Moins de un centime par mètre carré. Une bande de 3 m sur 1 km, c’est une « perte » de 24 € pour ceux qui ne labourent plus, beaucoup moins pour les autres !!!  

En résumé : oui à un décret national (et non une charte) qui permet d’avoir accès aux noms des produits employés, qui préserve les habitations à un minimum de 150 m et qui privilégie la transparence. En attendant l’interdiction de ces produits mortifères au plus vite.
L’ADTEC, association adhérente à FE 53

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